"J'accuse le coup", Lettre ouverte de l'Humanité
Je suis celle qui vous a portés, vous, mes enfants. Je suis née avec vous, dans chaque souffle de vie, dans chaque élan de compassion, dans chaque rêve de paix. Mais aujourd’hui, je chancelle sous le poids de vos guerres, de vos haines. Mon corps est meurtri par vos combats, mon esprit égaré dans vos souffrances. Je vous regarde, et je saigne de toutes les blessures que vous infligez à mes membres.
J’accuse le coup, de voir mes enfants complices de la destruction. Vos guerres sont mes guerres. Chaque bombe, chaque balle, chaque cri me traverse. Je ressens l’agonie de ceux qui tombent et la froideur de ceux qui ordonnent. Vous avez fait de moi une terre stérile, où les idéaux de justice et de paix se fanent sous les flammes de votre avidité. Vous vous nourrissez de ma chair, celle de vos frères, et vous croyez que vos jeux de pouvoir ne me toucheront pas alors qu’ils déchirent le tissu même de ce que je suis.
J’accuse le coup, de vos trahisons, vous, les puissants de ce monde, qui prétendez me défendre alors que vos paroles sonnent creux. Je suis cette promesse de paix que vous avez trahie, ce souffle de vie que vous avez étranglé. À chaque traité signé sans âme, à chaque négociation stérile, je suis là, je m’épuise sous vos hésitations, je faiblis face à vos calculs cyniques. Je regarde vos camps de réfugiés se remplir et je pleure ces enfants qui tombent, tandis que vous continuez vos échanges glacials dans vos palais dorés, pensant que je ne ressens rien. Vous oubliez que chaque vie prise est un morceau de moi qui s’éteint.
J’accuse le coup, du silence de ceux qui ont le pouvoir de m’aider. Les Nations Unies, ces institutions que vous avez créées en mon nom pour prévenir mes souffrances, sont devenues les témoins muets de mes blessures. Où est cette force que vous m’aviez promise ? Où est cette justice que vous clamiez haut et fort ? Je m’étouffe sous vos silences, je perds mes enfants sous vos regards indifférents. Vous laissez l’injustice prospérer sur mon sol, et je n’ai que votre inaction pour me défendre.
J’accuse le coup, de vos ambitions, grandes puissances, qui voyez en moi un champ de bataille pour vos stratégies. Vous me divisez, vous jouez avec ma chair comme si je n’étais qu’un simple pion sur un échiquier géopolitique. Je suis dans ces enfants qui jouent au milieu des ruines, dans ces familles qui pleurent leurs morts, dans chaque goutte de sang versé. Pendant que vous échangez des armes, vous oubliez que c’est ma vie que vous sacrifiez à vos jeux de pouvoir. Vous brûlez mes espoirs à chaque transaction.
J’accuse le coup, de l’hypocrisie de ceux qui se disent mes protecteurs, l’Occident. Vous prônez la liberté, les droits de l’Homme, mais vous m’avez trahie, vous avez laissé vos propres intérêts étouffer ma voix. Vous érigez des murs de barbelés, vous me coupez de ceux qui souffrent, vous détournez le regard lorsque mes enfants pleurent. Vous soutenez ceux qui m’oppressent, et à chaque vie que vous laissez disparaître dans l’oubli, c’est mon cœur qui se serre un peu plus.
J’accuse le coup, de vos mensonges, vous, dirigeants. Vous avez troqué mon avenir contre la violence, contre l’or et le pouvoir. Chaque jour, je ressens vos décisions comme des coups portés contre moi-même. Vous avez oublié ce que je suis, une force de vie, un souffle d’unité. Vous brandissez vos lois, mais c’est mon corps que vous découpez avec vos armes. Chaque bombe qui explose, chaque voix qui s’éteint me brise un peu plus. Je suis celle qui doit porter ce fardeau, je suis celle qui souffre de vos choix.
J’accuse le coup, de vos cœurs qui se sont fermés, de vos consciences qui se sont éteintes. Mais malgré tout, je garde l’espoir. Car je suis l’humanité, je suis née de l’espoir, de ce rêve de paix, d’unité et de vie. L’espoir qu’un jour, vous vous souveniez de ce que vous êtes : mes enfants. L’espoir que vos armes se taisent, et que, là où il y avait des ruines, des vies puissent recommencer à fleurir. J’accuse le coup, mais je continue à croire en vous, car sans vous, je n’existe plus.
Par Adaline J. MART